Fini la léthargie, fini la monotonie. La nouvelle playlist Culture Biture va te secouer !
Dub techno, rap, garage rock… Attache ta ceinture on va décoller 🚀
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GILLES BALMET ET SES TERRITOIRES UN-FORMAL
Fondant la forme et l’informe, le travail de Gilles Balmet révèle des interstitiels paysagers cachés en éprouvant la plasticité comme geste. Une quête picturale qui repose sur un triptyque : une ambivalence entre figuration et abstraction, une réversibilité des signifiés in.conscients ainsi que des processus créatifs nouveaux, faisant de Gilles Balmet un artiste au vocabulaire singulier.


Envahir la surface, laisser goûter la matière, immerger le support dans la couleur au gré de gestes performatifs ; Gilles Balmet écrit œuvre après œuvre un corpus pictural emprunt d’un corps à corps avec la texture où le hasard des formes répond à un processus plastique contrôlé. Mais réduire les toiles de l’artiste à une simple expérimentation créatrice, bien qu’elle demeure l’essence de son travail, élude la partie réflexive par laquelle il sonde l’inconscient. Une démarche allusive mais apparente avec Untitled (Rorschach) dont la première série entre 2004 et 2007 imprègne le cadre d’une matrice répétitive pour un corollaire psyché-esthétique abstrait évident. Se croise alors une forme de nécessite intérieure à la Kandinsky avec des all over pollockien, à l’instar de Breaking the lines (2010) sans pour autant en être une filiation mais une évocation que Gilles Balmet s’approprie.




S’esquisse ainsi les prémices d’un champ exploratoire du subconscient par transfert esthétique où l’artiste joue sur la multiplicité des supports ; de la vitrophanie en adhésif découpé avec Window aux classeurs creusés pour les Archives (2006), afin de poursuivre une quête visuelle initialement dépourvue de substance matérielle. L’espace est investi si bien dans sa temporalité, par la grandeur des toiles, que par sa spatialité, le support se remplissant sous l’effet de l’accumulation linéaire des Construction lines (2010) et de Ink map (2011). Une répétitivité qui se trouve déviée par une impulsion au creux d’un Nid (2010) par endroits saturés de noir, comme si la pensée s’y était accrochée. Des peintures sérielles et matricielles qui élaborent peu à peu un vocabulaire plastique où le processus, la matière et la forme sont intrinsèquement liés.


Mu par un désir instinctif de découvrir les images en devenir, l’artiste cherche la minéralité dans la texture de From above (2008) créant une porosité de plus en plus ambiguë entre l’abstraction et la figuration. La peinture organique et infusée se gorge de couleurs pour de Nouveaux territoires (2009) et, se combinant aux coulures en négatif des Winterdreams (2004-2005), confère à l’artiste l’autonomie de la forme tant aspirée, offrant une potentialité expressive purement intuitive.
Cascades en série

Le visible se dérobe alors à la figure créant une conjonction entre la figuration du signifiant et l’abstraction du signifié paysage pour des interstices énigmatiques où se déversent des Waterfalls (2010) à l’organicité érodée. Gilles Balmet active avec le lavis d’encre sur papier un accident sous maîtrise de la création en surface, croisant inlassablement les possibilités d’un recouvrement poétique de l’environnement. Il éprouve le procédé d’où naquit la forme, à moins que l’ambivalence du travail de l’artiste réside dans cet inversement, jusqu’à l’expérimenter à travers le triptyque en 2012 mais également en opérant des Double waterfalls (2010-2011) pour un renversement de l’écoulement et un jeu sur la perception. Le réel vacille et finit par s’épurer dans d’autres séries de cascades baignées de couleurs entre 2012 et 2017 (Waterfalls Minimal) où le minimalisme de l’acte laisse le lavis transfuser avec douceur, couler avec sérénité sur le grain du papier pour une danse délavée mais harmonieuse des pigments, tandis que le motif se complexifie avec les Waterfalls hybrid (2016) pour un tissu à la minéralité intensifiée.


L’image se dévoile presque en disparaissant au sein de panoramas inattendus, comme autant d’étendues où se matérialiserait une idée du paysage sans se définir nettement notamment dans les Reversed landscapes (2013-2014), empreinte évanescente qui affleure à la surface. Des espaces flirtant avec l’allégorie, comme prélevés directement sur des parois rétiennes de part ce rendu entre addition et soustraction de la couleur. Le lavis se répand aléatoirement selon un dessein guidé. Une esthétique formelle qui trouve sa genèse dans la gestuelle mouvante de l’artiste, donnant corps et vie à des territoires inexistants de plus en plus animés. Un rapport à la plasticité qui se fait exploration performative dans les Chemical landscapes (2009) où la peinture acrylique et le lavis d’encre sur papier enclenchent une danse avec la matière. De ces montagnes, de ces vagues abstraites de l’imagination, où vibre un camaïeu violet, s’amorce la singularité du vocabulaire plastique de Gilles Balmet où les lignes s’assouplissent et se parent d’argent.
Reflets argentés


Charenton-le-Pont
Une signature esthétique puisant sa prégnance dans l’élaboration même de la pièce pour laquelle l’artiste entreprend une danse hasardeuse avec la matière : suite à la pulvérisation de peinture acrylique argentée à la surface d’une piscine d’eau, Gilles Balmet trempe une feuille noire perpendiculairement à la ligne de flottaison des matières effectuant ainsi une transcription gestuelle des éléments.
De cette démarche de corps à corps avec la création paraît un triptyque où s’entremêle des montagnes, des reliefs et des trajectoires argentées, sujets au sein desquels l’artiste va s’appliquer à explorer une extension de la forme. Les premières Silver mountains se dévoilent en 2011, série qui s’étend jusqu’en 2014 et qui introduit ce ballet territorial où la montagne est fantasmée autant que l’acte créateur. Des ondulations cristallines s’élève une nuée pulvérisée, un halo nébuleux luit soudainement dans le noir tandis que la série réalisée entre 2015 et 2017 se révèle plus mouvementée, comme si la matière était lave en fusion. Paysages intérieurs ou paysages d’ailleurs, Gilles Balmet crée de nouveaux panoramas où les sommets se font minéraux, où la surface plastique devient presque relevé sismographique photographique. Des interstices qui englobent le regard à l’instar de l’installation à la médiathèque de l’architecture et du patrimoine à Charenton-le-Pont (2012-2015).



La montagne se désincarne en relief sous forme de Sainte Trinité avec le triptyque Silver reliefs (2012-2016). La notion de verticalité s’efface dans le désordre des courbes animées d’une violence souple. L’horizon se brouille sous la disparition des repères amorcée par le retour du all-over faisant des Silver Reliefs de 2011 un espace indéterminé en formation, tel un univers interne à la pensée tandis que la troisième série (2016-2017), toujours réalisée à partir de peinture acrylique argent mais avec de l’encre de Chine, glisse en profondeur au cœur de la matière. La toile devient une sorte de coupe au sein même de cette matière oscillant entre nature sauvage et humaine, à la fois ombrageuse et poétique. La figure des hauteurs réapparaît éclaircie avec les Ink mountains (2015-2017) mais toujours tourmentée par les chemins argentés sinueux tracés par l’artiste, tandis que les Ink mountains précédentes (2009-2014) sont baignées de blanc, comme recouverte d’un voile éthéré et voluptueux. La figuration gagne à nouveau en opacité sur la ligne d’horizon du Paysage double (2010) où la réversibilité perspective et l’amalgame de l’argent et du blanc opèrent une synthèse des “reliefs” et des “mountains” . Une concomitance créative qui enrichie chaque série, dans la forme comme dans le sens pour une œuvre à la territorialité informelle.
Intériorité, cascades, montagnes, Gilles Balmet retranscrit ainsi des environnements parallèles à la réalité indéfinie par des gestes élémentaires mais affranchis. Jouant avec la figuration et l’abstraction, il poursuit l’émancipation de la forme à travers une peinture devenue danse où le processus créatif révèle une dimension in.consciente de la perception du paysage et de ses nuances.
Crédit images — Gilles Balmet
Gilles Balmet
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PARTY BITURE #003
Tu écoutes la même musique en boucle depuis des mois ? Ne panique pas, on est là. Ambient, punk, house… C’est tout frais, monte le son !
ITW: LE JAZZ SOULFUL DE REDSHARP
Voilà deux ans que le quatuor RedSharp distille des sonorités jazz aux accents groove du côté d’Angers. À l’occasion de la sortie de leur second EP Sand, le groupe s’est confié à l’équipe CB.

Pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter : qui êtes-vous ? Comment s’est formé le groupe ?
RedSharp : On est quatre dans le groupe : Manon au chant, Damien à la basse, Doriane à la batterie et Geoffroy au piano. Avant RedSharp, on a eu un premier groupe sur Angers pendant six ans. Localement, il a fait un peu parlé de lui mais n’a jamais rayonné plus que ça. Après, on a un peu fait nos vies pendant deux-trois ans, puis on s’est retrouvés il y a deux ans pour monter RedSharp. Notre premier concert était en mars 2018. En fait, on est des amis de longue date.
D’où vient le nom du groupe ? Qu’est-ce que ça signifie pour vous ?
RS : RedSharp signifie « dièse rouge ». On utilise un peu l’harmonie jazz dans nos compositions, d’où le dièse, mais on fait quand même une musique assez accessible, un peu dans l’idée du jazz populaire. Le rouge, c’est la couleur du populaire. Et RedSharp ça sonnait bien !
En 2018 vous avez sorti un premier EP Listen. Le 4 avril sort votre second EP, intitulé Sand, aux sonorités soul et pop. Quelles sont vos inspirations ?
RS : On a un groupe de référence qui s’appelle Hiatus Kaiyote, ils sont australiens. Ils font du nu jazz, c’est exactement la même formation que nous sauf que la chanteuse a une guitare en plus. On peut citer aussi Vulfpeck, un groupe américain, et plus spécifiquement pour le chant, Björk. Jamiroquai nous inspire aussi pour le son, ça déteint sur les basses.
Et pour l’écriture des textes, notamment sur Sand, quel a été le processus de création ?
RS : Les chansons sont écrites par Manon, qui s’inspire pas mal de l’écrivain Christian Bobin. Il a une écriture très poétique, presque un peu surréaliste. Du coup les textes sont un peu dans ce goût. Pour Sand, on est dans la revendication des émotions et de la musique. Chaque morceau a son message mais il n’y a pas forcément le liant, d’histoire entre les cinq titres. On défend surtout notre esthétique musicale.
Pourquoi chanter en anglais ?
RS : Parce que Manon a toujours travaillé en anglais. On trouve que les sonorités de l’anglais vont très bien avec notre musique. Si les chansons étaient en français, le style serait sûrement différent, y a pas les mêmes rebonds dans la langue.
Que représente la pochette de l’EP Sand ?
RS : C’est une figure de Ernst Chladni. C’est un physicien Allemand (1756-1827) qui a fait des expériences avec une plaque en métal et du sable dessus. Il frottait son archet contre la plaque pour émettre différentes fréquences, et selon les fréquences, le sable se répartissait en formes géométriques.
Aujourd’hui, les expériences se font avec des machines, mais en fait il faut juste un support qui vibre, et avec les fréquences, le sable va s’activer et bouger. Mais du moment que les fréquences s’annulent, le sable ne va pas être repoussé et ne va plus bouger.
L’EP s’appelle Sand, donc ça collait bien et ça représente aussi la forme du son pour nous. Le son prend forme dans notre EP !

Techniquement, comment avez-vous réalisé votre EP ?
RS : On a la chance d’avoir un studio à disposition pour nos répétitions avec un technicien qui nous suit sur toutes les dates et à qui appartient le studio. On a enregistré l’EP à la maison en quelque sorte. Ensuite, on a travaillé avec un deuxième technicien son pour le mixage et puis avec une boite pour le master. Pour l’instant, on a pas eu besoin de passer par d’autres intermédiaires puisqu’on utilise pas de support physique. On est en distribution numérique sur les plateformes d’écoute et de téléchargement. Mais tout ce qu’on fait, on le fait avec le réseau Angevin. On est auto-produit.
Quelles sont vos prochaines actualités ?
RS : Il y a le clip Sand qui est sorti le 21 mars dernier. Sinon, on est contents car on va faire notre release le 3 avril au Joker’s pub, c’est un café-concert d’Angers qui programme pas mal de scène locale mais aussi étrangère. Le 4 avril, on sort l’EP Sand. Dans les mois à venir, de nouvelles vidéos vont être publiées pour les autres titres.
En juin, on est au festival des Mouillotins, en Mayenne. On y joue avec High Tone, Biga*Ranx, Soviet Suprem… Et on a plusieurs concerts de prévus mais surtout dans la région des Pays de la Loire : Nantes, Tours, Rennes… on sort un peu d’Angers.
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CÉCILE BEAU, CRÉATRICE DE CONTINUUM PLASTIQUE
Derrière la poésie, en apparence fragile, des œuvres plurielles de Cécile Beau se cache une exploration de la matière aux confins de la science et de la création. La nature se mue en expérience sensorielle décalant le temps et l’espace, pour des territoires métamorphosés où se loge une réflexion sur l’ensemble et l’organique.

Du visuel au sonore, Cécile Beau élabore des paysages oisifs où l’imperceptible se révèle, où la banalité de notre environnement échappant au conscient apparaît soudainement. La matière est au cœur du faire comme du ressentir, végétaux et liquides deviennent véhicule d’un vivant non sans rappeler le lyrisme de l’Arte Povera des années 1960. Mais l’artiste injecte dans cette poésie du scientifique qu’elle décortique sémantiquement afin d’interroger le cosmos, aboutissant à une philosophie créatrice contemplative à l’instar de ellipses (2016), pièce réalisée avec Nicolas Montgermont. Au sol se joue un ballet astral, retranscription de l’harmonie des sphères de Johannes Kepler (XVIe siècle). Planètes, planètes naines, comètes ; chaque astre correspond à une note bougeant en temps réel suivant la vitesse de rotation autour du soleil.



Un changement d’échelle rendant visible le temps qui s’écoule dans les particules [minérales] (2015) où de la poussière de roche contenue dans des sabliers témoigne du passage et de la gravité, paysage animé de lenteur. L’ère géologique se trouve comme inversée, une déstabilisation de l’espace-temps qui ouvre un chemin ancestral dans le présent d’où émergeraient les racines de la siouva (2017), œuvre réalisée en collaboration avec Anna Prugne, produisant une sculpture de bois fantasmagorique qui évoque une hybridité arachnéenne. Une perturbation visuelle présente également dans les specimen (2013) où l’apparente immobilité vibre. Avec cette série d’aquariums dans lesquels un végétal ou un minéral est plongé, les pièces dévoilent des découvertes comme figées, illusion plastique permettant de reproduire des phénomènes scientifiques particuliers telle qu’une simulation de conservation au formol. Excepté que l’organisme est agité par une oscillation lumineuse et sonore grâce à un micro-éclairage immergé. La nature devient sujet d’étude et de contemplation, dans un instant suspendu en mouvement.
Matières sonores


Une perturbation des sens extrapolée avec C=1/√ρχ (2008), énigme translucide fixée dans un faisceau blanc de laquelle s’échappe une texture sonore modifiée. Sorte de maquette architecturale composée de modules en verre, la pièce forme un circuit où des flux aux résonances urbaines naviguent et se heurtent, au fil des différentes composantes assemblées, au filtre de la matière qui les enferment jusqu’à perdre leur essence première dans la langueur. Les bruits distendus évoquent « une distillerie sonore », provoquant une interférence entre l’œil et l’oreille, à l’image du tunnel en céramique signifiant une érosion (2014). D’un trou mural in situ semble remonter le souffle profond d’une grotte. La diffusion du son active les mystères de cette cavité où se rejoignent différentes périodes telles des fictions fantasmées, notamment émises par l’antenne météorologique coriolis (2017). Ce satellite flottant, comme décroché d’un corps céleste, retransmet une narration faite de vent, de pluie et de givre. L’impalpable envahit l’espace tandis que la lumière diffuse de cette image lunaire semblant se raccrocher au terrestre. L’artiste déploie d’un geste de nouveaux territoires mentaux propre à chacun selon une mythologie personnelle, pour ensuite mieux ramener le conscient dans la réalité environnementale.


Car l’œuvre de Cécile Beau ne cherche pas seulement à poser une brume onirique sur les perceptions, elle tend également à provoquer la genèse d’une réflexion sur les enjeux climatiques que l’on voit se cristalliser dans la noire intensité de l’installation Albédo 0.60 (2017). Au centre d’un disque aqueux se forme, par l’effet d’un système frigorifié, une couche de glace concentrique qui s’étend, miroir des bouleversements écologiques, tandis que le reflet devient plastique pour vallen (2009). L’encre de chine disposée sur un morceau de bois sombre forme des cercles à sa surface simultanément au son résiduel d’une goutte d’eau imaginaire, allégorie d’un liquide précieux qu’il faut préserver. Un fragment d’un ensemble plus grand miniaturisé dans des univers chimériques pour former un tout connecté, intrinsèquement dans l’œuvre, mais également au-delà dans le vivant.
Microcosmes utopiques


De paysage il est aussi question avec des échantillons de nature diminués. Ces paysages sont activés par le biais d’écosystèmes délicats qui reconstituent les prémices de la vie et révèlent l’intemporalité de certains organismes créateurs. La végétation utopique de cladonia (2017), faite de mousse et de lichen, opère une plongée originelle dans la formation de la Terre. Logée dans un angle de mur en pierres, cette flore particulière appartient aux espèces pouvant coloniser un environnement dépourvu de vie. L’artiste déploie un microcosme poétique dont la fragilité traverse les âges malgré les mutations environnementales. Un embryon terrestre en développement qui évoque un retour aux sources naturelles autant que la fontaine hépathiques (2018). Cette forêt panchronique réduite in situ, exposée sur socle, répond au lieu d’exposition et ricoche jusqu’à un temps géologique lointain. Une double histoire s’insère dans l’installation où la luxuriante arborisation dessine « un petit jardin des origines où les espèces végétales qui le composent n’ont pas évolué depuis leurs traces fossiles datant du jurassique ». Au milieu de cette séduisante verdure se cachent deux terrariums contenant des grillons, insectes ayant eux même peu évolués depuis cette période. Un chœur qui résonne comme une douce mélodie face aux énigmes de la nature, créant une boucle connectée dans l’ensemble des œuvres et dans l’univers.



Et l’artiste ne manque pas d’inventivité pour capter les mystères de la galaxie en divulguant le chant du cosmos dans la chambre résiduelle (2018), reprenant le système d’aquarium et de micro, afin de donner de la matière à ce qui nous échappe. Ou encore en mettant en lumière par l’esquisse des enregistrements sismiques (sillage, 2012-2015, réalisé avec Nicolas Montgermont) ou les mouvements topographiques de l’air et de la terre (mécanique des milieux continus, 2017) afin de rendre visible ce qui semble banale et trop distrait à l’œil.
Dans son travail, Cécile Beau ne cesse de décaler le temps et les perceptions, invitant à une déambulation contemplative d’une nature séduisante. Le paysage s’ouvre sur la vie au-delà de l’humain pour poser le regard sur un environnement mental nouveau où le singulier se confond au merveilleux, où l’unité se fond dans l’ensemble pour un continuum enchanté et réflexif.
Crédit images — Cécile Beau
Cécile Beau
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PARTY BITURE #002
Salut les meilleurs ! Fais chauffer la piste, on s’occupe du son. Jungle, rock, R&B… Ça va swinger (:
TUTO MUSICAL EN MODE BITURE
Il est 3h10 du matin, après avoir écouté le rap de William Saurin, nous décidons d’entreprendre la composition d’un hymne musical. Viens alors la question existentielle « on fait koa com genre ?? ». Bien sûr ce n’est pas friendly positive de genrer la musique. Mais qu’importe, on y va ! Pourquoi pas de la musique tribale pour du GROS twerk ?
Ah, ça ! Beeeh ! On va faire du boukan. Il nous faut du son de référence et une bonne dose d’inspiration… un verre whisky Coca Orangina. Quelques heures plus tard nous ouvrons le logiciel. En l’occurrence Fruity Loops Studio, parce qu’on est pas des gros noobs. Et on se lance ! (enfin). Nous cherchons un gros kick qui développe sa race. Boom boom dans les oreilles. Et nous construisons le rythme petit à petit, entre deux flacons de cigarette électronique. Woooh, ça prend forme… on groove à mort. Après plusieurs grosse minutes de recherche, nous parvenons à dénicher un sample de Tulum interstellaire. Cette cornemuse Turc en peau de mouton bien connue.
Do ré mi… l’heure est venue d’écrire une mélodie entrainante. Zut, trop d’aigus dans le basses… Pas mal le bruit de chameau ! Non, pas assez d’aigus. Pas facile la vie d’artiste. Le morceau est trop court. Difficile à cette heure là de savoir ce qu’on fait. Le plus simple est d’utiliser la technique ultime du copier-coller. Ni vu ni connu le morceau double.
La culture est morte… mais pas la biture !
PARTY BITURE #001
On revient en force avec une seconde playlist qui va te transcender. Dubstep, jazz, microhouse, et même de la musique acoustique ! Bonne écoute les bituriens.
LES FLUCTUATIONS IR.RÉELLES DE NICOLAS SASSOON
Sculpteur de l’optique, Nicolas Sassoon propose une rêverie virtuelle ancrée dans le réel. Il utilise le flux numérique qui infiltre les arcanes de notre quotidien. Créations encodées, installations et vidéos redéfinissent l’architecture, de l’espace écran à l’environnement physique, de l’intime connecté à l’abstraction narrative collective, déjouant les perspectives dogmatiques.

Nicolas Sassoon est un sculpteur hors-cadre s’immisçant dans les interstices de notre ère ultra connectée et redéfinit des pans mêmes de l’art, comme l’ont fait les artistes cinétiques un siècle plus tôt. Les premières occurrences de cette plastique font leur apparition au cours des années 1920 dans le Manifeste réaliste et faisaient état de créations basées sur la mouvance de l’œuvre, apparente ou réelle. Le plasticien s’inscrit dans cette veine matérielle d’une optique troublant la vision, poussant le processus jusqu’à la dissolution de la forme dans l’intangible.
Il use des premières techniques de l’imagerie informatique pour esquisser des architectures et des panoramas naturels dans un nouvel espace, celui de l’écran. Le transfert du support de création opère une dématérialisation de l’œuvre, insufflant une démocratisation artistique en lien avec un XXIe siècle numérique. Les pièces de l’artiste prennent souvent comme point de départ des GIF marqués d’une nostalgie pour l’esthétisme des prémices du virtuel. De pixels en pixels, il confectionne de nouvelles perspectives contemplatives qui bâtissent un ailleurs mental tout en évoquant un pointillisme classique. Ce glissement rétinien encode une vision plastique singulière, qui s’étend hors du support écran pour envahir l’espace d’exposition suivant des installations, des sculptures, des vidéos et des textiles. Artiste polymorphe, Nicolas Sassoon emmène le regard dans une brèche dimensionnelle où l’irréel se confond avec le réel.
GIF-er l’art
La genèse de son travail prend ainsi racine dans les lignes invisibles du net-art, tandis que les espaces encodés trouvent leur source dans les réminiscences de l’artiste. Au gré de lieux qui ont compté, il élabore des GIF architecturaux reprenant les trames du réel pour les implanter dans la mémoire informatique. Avec des séries comme Skylight, Avenue, Index ou encore Studiovisit, Nicolas Sassoon façonne des décors où le pixel est à peine dégrossi et la colorimétrie réduit, pour un graphisme épuré mais hypnotisant. Ces pièces dans lesquelles l’internaute peut se promener sont truffées de références plurielles offrant un labyrinthe référentiel personnel, un univers fantasmagorique singulier, glissant vers le collectif de par son accès d’une simple connexion, mais demeure une expérience intime face au support.

Tel un jeu de piste, ces nouveaux mondes screen-based re-matérialisent un inconscient tout en déconstruisant l’essence de l’œuvre d’art dans sa définition classique. Dans cet intangible virtuel, dont nous consommons quotidiennement les outils et parfois de manière conflictuelle, l’humain a déserté ne laissant que des reliquats, des scènes en suspend où le regard scrute le détail, entre fascination et curiosité. Une narration muette qui happe à l’image d’une toile de Hopper, en déstabilisant cependant l’optique par ses effets numériques frénétiques. Ce mouvement incessant entre réalité fantasmée et virtualité concrète, l’artiste en a exploité la substance jusqu’à l’extraire de l’écran pour l’inscrire dans l’environnement physique.
Nos murs pixelisés
Le cadre numérique s’ouvre alors sur l’espace d’exposition et se décuple sur les parois provoquant une déambulation hallucinée. Au cœur du Centre d’Art Bastille à Grenoble en 2013, l’artiste déploie des all-over cinétiques psychédéliques où le glissement de l’eau se cachait dans l’abstraction. Le mouvement cyclique de ces Waterfalls projette une vision fantasmée de la nature dans laquelle la schématisation de l’élément laisse place à une contemplation oisive face à cette cascade infinie de pixels. À l’instar des Mansions, modules immatériels devenant sculptures immergées qui captivent la rétine par sa narration mystérieuse et son minimalisme sublimé.
L’artiste éprouve l’ambivalence réel-irréel encore plus loin avec des projets tels que Signals. Avec cette installation in situ, l’écran est inversé et envahie la pièce pour un retournement de la forme sculpturale qui englobe l’humain. Les murs se transforment en rêverie allégorique d’éléments dansant lentement. Au cœur du dispositif, la place que l’on octroie à la nature est remise en question autant que la transfiguration qu’on en fait par nos actes sociétaux. Quand l’humain dénature son environnement, Nicolas Sassoon le transforme numériquement pour la magnifier et lui rendre une pureté artificielle.

L’immersion est également de mise avec WALLPAPERS, projet collaboratif fondé en 2011 avec Sara Ludy et Sylvain Sailly. Pensé comme un catalogue de tapisseries virtuelles graphiques, Nicolas Sassoon extrapole l’immatériel et le met en espace pour construire une nouvelle architecture faite de projections dont les formes génériques soulèvent les enjeux technologiques qui redéfinissent notre environnement. L’expérience AFK (away from keyboard), inscrite dans ce programme, reprend là encore les épreuves du web pour les incorporer dans le présent matériel. Plongé dans cette architecture immersive, le public interagit directement, bousculant les codes établis. En pénétrant dans ce système informatique augmenté à l’échelle humaine, les segments de chair se confondent presque en entités pixelisées brouillant les limites de la perception, pour une boucle perpétuellement en mouvement entre le concret et l’insaisissable flux numérique. Passerelle entre deux mondes, la poésie plastique qui s’en dégage a un effet contemplatif proche du songe délirant.

Par ses oscillations ir.réelles, Nicolas Sassoon met ainsi en scène la frontière poreuse entre le réel et le virtuel dans notre société par le prisme de formes plastiques se renouvelant sans cesse, opérant un art augmenté interdisciplinaire, et agite des réflexions sur notre monde connecté.
Crédit images — Nicolas Sassoon
PARTY BITURE #000
En ce mois de janvier, on a de quoi te réchauffer les oreilles. Future garage, wave, hip-hop, techno, l’éclectisme pour tous les tympans. C’est la première playlist CULTURE BITURE, on est pas peu fiers (: